Maurice Chappaz, écrivain valaisan, occupe une place unique dans la
littérature alpine. Ambitieux, son propos n’est pas tant de raconter des
ascensions que de restituer ‹l’absolu du désert neigeux›, dire ‹les tempêtes,
le vertigineux cercle des cimes blanches et tous les gestes de l’homme sur la
piste›. Du mont Blanc au mont Rose, sa traversée des glaciers tient du
parcours initiatique. Emporté par l’ivresse de l’altitude, il capte
l’insaisissable, irriguant son récit du flot des sensations qui envahissent
l’alpiniste. Dans La haute route, il rassemble tout ce qui lui fut donné
d’éprouver de l’oreille, de l’œil, du nez, du jarret et surtout du trouble des
entrailles…
Pour Maurice Chappaz, la littérature alpestre peut s’assimiler à la
littérature érotique. Dans les caresses de la montagne, il voit une ascèse, un
effort qui comble, en les épuisant, la bête et l’âme. Dans la mémoire des
alpinistes, ces pages vont réanimer ce qu’ils auront vécu de plus fort et de
plus subtil mais en donnant à leur montagne familière les dimensions qu’ils
s’étaient contentés, souvent, de pressentir. Les autres, les gens du bas pays,
auront la révélation de l’altitude, de même que les terriens comprirent la mer
en lisant les romans de Joseph Conrad ou d’Herman Melville. La haute route a
été publiée pour la première fois en 1974 par l’éditeur Galland.