Un drame où le temps ne se compte plus en jours mais en heures… Le 11 février
1971 :
René Desmaison entreprend avec Serge Gousseault une grande première hivernale
sur la face nord des Grandes Jorasses : la voie directe qui mène au sommet, la
Pointe Walker (4 208 m).
Dès les premiers jours, l’ascension se révèle difficile, mais les deux
compagnons sont l’un et l’autre des grimpeurs au palmarès éloquent. Peu à peu
néanmoins, leur progression se complique. Le 15 février, à 300 mètres du
sommet, les deux hommes n’ont plus que deux jours de vivres. La météo
s’assombrit, la neige tombe, les pitons viennent à manquer et les cordes sont
endommagées.
Au sixième jour, la fatigue s’installe. Désormais, chaque mètre gagné est
devenu un combat. Le froid glacial des bourrasques a produit ses effets : les
mains enflent, celles de Serge Gousseault démesurément. Bientôt, la peau
partira en lambeaux. Le drame se noue. Impossible de redescendre. Ils n’ont
plus qu’une seule solution pour survivre : sortir au plus vite de la paroi.
Serge Gousseault s’épuise, il va mourir au 12ème jour. C’est le journal d’une
cordée tragique que raconte ici René Desmaison, sauvé in extremis au 15e jour
de cette expédition. Haletant et poignant, ce récit est celui d’un long
naufrage qui plonge le lecteur dans l’angoisse : les bivouacs précaires les
pieds dans le vide, la fin des contacts radio avec les proches, l’insuffisance
de matériel, l’absence de vivres.
En son temps, ce drame des Grandes Jorasses animera une vive polémique sur les
secours. Il reste aujourd’hui un livre exceptionnel de la littérature de
montagne, une leçon de solidarité, un hymne à l’ascension, un hommage à la
vulnérabilité du grand alpiniste, aussi expérimenté soit-il, face aux
éléments.