Le premier livre sur l’histoire du ski extrême.
Dominique Potard nous entraîne dans un tour du monde des montagnes, des
pentes, et des passions les plus brûlantes.
**Le ski extrême, c’est quand on n’a pas le droit de tomber**
Celui qui a assisté, suspendu dans la benne de l’Aiguille du Midi, à 3000
mètres
Au-dessus de la vallée de Chamonix, au spectacle d’un skieur plongeant
dans la verticale, glissant entre les rochers sous les câbles du
téléphérique… Celui-là, qu’il soit Japonais, Français, Anglais ou
Italien comprend ce que « ski extrême » veut dire. On peut l’appeler
comme on veut – ski de grande pente, ski de couloirs, ski de pente raide
– on voit bien que la vie du skieur ne tient qu’à une simple faute de
carre. La vraie définition de cette discipline spectaculaire, ce sont
les Américains qui l’ont posée : la « No-fall zone ».
**Une histoire méconnue, des caractères bien trempés**
Tout a commencé en 1928 avec l’apparition des carres. C’est au Tyrol que
des skieurs se lancent dans des pentes à 50 °avec l’idée saugrenue
d’accrocher leurs crampons sur leur sac à dos pour se freiner en cas de
chute… Mais l’incursion de ces hurluberlus sur le terrain des alpinistes
est mal perçue. Ceux qui transpirent dans les parois ne voient pas
passer d’un bon œil ces skieurs qui filent comme des voleurs dans leurs
voies. Il faudra attendre 1965, en Oisans, pour que les deux vrais
pionniers, Paul Clément et André Giraud, inventent les premières
descentes dans le couloir Davin et le couloir Barre Noire. Arrivés à
Chamonix, trois ans plus tard, ils se feront souffler le couloir Whymper
par Sylvain Saudan qui, du coup, empoche la première et la paternité de
ce nouveau jeu.
Le ski extrême va pouvoir s’élancer sur toutes les grandes parois.
**L’âge d’or des années 70/80**
Après Patrick Vallençant et Anselme Baud, autres pionniers, viennent les
années Boivin, Giacomini, Chauchefoin, Tardivel et sa descente du Grand
Pilier d’Angle ; ou les Italiens comme Stefano Di Benedetti qui skie
l’Innominata, une pente faite plus de rocher que de neige.
**L’âge d’irraison**
En cette fin de siècle, Pierre-André Rhem, Jérôme Ruby, Sam Beaugey et
bien d’autres vont inscrire leur trace légère dans le vide vertical.
Comme le Slovène Davo Karnicar qui s’offre en 2000 la première intégrale
de l’Everest, sommet – camp de base en 4h30. Sans le savoir, ils
dessinent l’avenir d’un ski nouveau.
**Le ski sauvage des nouvelles générations**
Les jeunes skieurs descendent les pentes raides pour le simple plaisir
d’un ski libre. L’extrême se conjugue sur tous les modes : ski
alpinisme, free-ride, le jeu est dans l’inspiration du moment et le
risque dont les seules limites sont la physique : au-delà de 70°, la
neige ne colle plus aux parois. Aujourd’hui, la pratique s’est banalisée
— à chaque saison d’hiver, des dizaines de skieurs se lancent dans « le
Mallory » sous les câbles de l’aiguille du Midi.
Les passagers du téléphérique n’ont pas fini de frémir.