On ne présente plus l’alpiniste Ueli Steck, surnommée la «Swiss Machine»,
l’homme le plus rapide des pentes raides qui détient nombres de records
d’ascensions sur les parois les plus difficiles de la planète. Dans ce livre,
son plus intime, il revient sur l’ascension de la face sud de l’Annapurna
(8091 m) par une voie directe et extrêmement difficile, en solitaire et dans
le temps record de 28 heures.
Pour la première fois, il s’exprime sur cet exploit qui a été remis en cause
et a déclenché une importante polémique dans le monde de l’alpinisme, parce
quelle a été effectuée de nuit, sans aucune preuve, et qu’elle repousse les
limites de l’alpinisme extrême en très haute altitude. Ce témoignage, d’une
grande sincérité, n’occulte pas la remise en question profonde qui a succédé à
l’exploit. Au retour de l’Annapurna, Ueli Steck a en effet pris conscience que
cette performance serait pour lui indépassable et qu’il était désormais
nécessaire d’imaginer un nouveau parcours, une autre vie…
Le 30 avril dernier, nous apprenions la disparition de Ueli Steck sur les
flancs du Nuptse, dans le massif de l’Everest. La nouvelle nous a abasourdis
et attristés, comme tous ceux qui avaient approché Ueli et suivaient son
parcours depuis de nombreuses années. Avant son départ vers le Népal, nous
avions peaufiné avec lui les détails de ce livre qui était en cours
d’impression lorsque nous avons été informés de l’accident.
Nous avons décidé de le publier tel que Ueli le souhaitait. C’est notre façon
de lui rendre hommage, en respectant le texte dont les derniers mots résonnent
aujourd’hui de façon bien troublante :
« L’important c’est que je sois conscient du danger à chaque instant et que je
puisse le maîtriser. Alors je continuerai de chercher en montagne les défis
excitants, sans me tuer. »