Avec quelques autres alpinistes stars, Éric Escoffier est l’un des plus doués
de cette génération des années 1980. La biographie de Jean-Michel Asselin rend
hommage à l’homme autant qu’au génie de la grimpe.
Dans les années 1980, l’alpinisme se réveille avec une série d’exploits qui
marqueront à jamais son histoire. Derrière des ascensions solitaires,
engagées, audacieuses, ultrarapides, derrière des enchaînements sur de grandes
faces nord ou la réussite de hauts sommets himalayens « à la loyale » se
cachent quelques individualités exceptionnelles. Christophe Profit, Jean-Marc
Boivin et Éric Escoffier sont à eux trois les acteurs d’une sorte de bataille
qui passionne à la fois le milieu mais aussi le grand public. Escoffier est le
cadet de la troupe, un peu insolent, trop beau gosse, il a le don d’afficher
sa réussite et parfois ses échecs avec une brillance qui le rend tantôt
admirable, et parfois contestable.
Doué en tout, ce jeune homme, élevé à la dure école de la gymnastique, aime la
montagne, plus exactement la montagne qui lui offre l’adrénaline du risque. «
Rien n’est impossible », aime-t-il répéter à ceux qui s’étonnent de le voir
passer des falaises du Verdon, aux glaces des Grandes Jorasses ou à l’altitude
du K2. Tout semble lui réussir, mais voilà : la vie imagine parfois d’autres
destins pour ceux qui semblent la traverser avec aisance. Et un jour de
septembre 1987, sa voiture percute une pierre dans les gorges de l’Arly. Il
allait vite, toujours très vite. Sa vie bascule : c’est l’hôpital, la
réanimation, les opérations, la rééducation, l’incroyable douleur de se
retrouver hémiplégique. Mais ce garçon auquel les médecins donnaient peu de
chance, nie tout simplement son handicap.