Comme sa soeur, la mer, la montagne peut être une goule terrifiante qui dévore
ceux qui l’affrontent. Ses alpages heureux et paisibles se révèlent parfois
maudits. C’est que l’homme se sent dépassé, voire écrasé par une nature où il
n’a sa place qu’au prix du plus grand effort de la raison. On n’en finirait
pas de dresser le catalogue historique de toutes les catastrophes dont les
causes réelles ou imaginaires hantent notre mémoire.
Sans remonter très loin
dans le temps, on trouvera, à quelques années de nous, des ruptures de
barrages malgré les savants calculs des ingénieurs, des avalanches meurtrières
que nul n’avait prévues, des crues torrentielles dévastatrices et, il y a
trois ans à peine, un ouragan d’une ampleur inconnue sous nos cieux.
Trop souvent l’imprévoyance humaine est à l’origine de ces calamités.
Restent
tous les accidents où la nature aveugle nous submerge de sa puissance.
Infiniment démunis et fragiles, nous restons parfois spectateurs de notre
malheur et victimes impuissantes de ses conséquences. Et pourtant, notre
compréhension des causes et notre intelligence des réponses à apporter
engagent pleinement notre liberté face à une nature omniprésente et maternelle
que trop souvent nous nous plaisons à défier, voire que nous ignorons tout
simplement. Aujourd’hui, plus que jamais, une prise de conscience est urgente
et nécessaire.