Everest, K2, Annapurna: le grand himalayisme
Pierre Beghin, homme affable et discret, auteur de textes et de photos
remarquables, humaniste parfois rêveur, intellectuel aux capacités physiques
hors norme, devenait un fauve en altitude, capable de l’engagement le plus
total.
Lorsqu’il disparaît à 41 ans dans la face sud de l’Annapurna, à l’automne
1992, sous les yeux de son compagnon de cordée, le tout jeune Lafaille, Pierre
Beghin est le plus important des himalayistes français. Pourtant, le grand
public ne le connaît pas. Formé à la dure école de Fontainebleau et du
Vercors, il accumule discrètement, dans les années 1970, les premières dans
les grandes faces alpines, souvent en hiver, parfois en solo, des Grandes
Jorasses à l’Ailefroide.
Dans les années 1980, devenu un ingénieur chercheur reconnu à l’international
pour ses travaux sur les avalanches, il enchaîne les expéditions. Il est alors
le chantre des expéditions légères et du style alpin, sur les traces de
Messner. Ambitieux, élégant, novateur et doté d’une éthique rigoureuse, il ne
s’attaque en Himalaya qu’à des objectifs de grande classe, des faces vierges,
inconnues, loin des voies normales et des médias.
Pierre Beghin sera le troisième homme à gravir un sommet de plus de 8000
mètres en solo, le Kangchenjunga, et réussira un autre solo ahurissant, le
Makalu, par un itinéraire très ardu. Il donnera également son nom à plusieurs
itinéraires majeurs sur les grands sommets himalayens, notamment au K2 et au
Manaslu.