Le paysage de montagne est un domaine dans lequel la photographie a réellement
pu innover, tout en s’inscrivant dans une tradition picturale, scientifique et
culturelle née au XVIIIe siècle. La force de représentation de la photographie
transcrit le caractère hiératique, pathétique, fascinant et solitaire de la
haute montagne. Esthétiquement elle tente d’en restituer le sentiment du
sublime.
Ce n’est qu’en 1861 que les frères Bisson et Joseph Tairraz réalisent leurs
premières photographies dans le massif du Mont-Blanc, un exploit sans
précédent, en raison des conditions extrêmes et du caractère périlleux de
l’entreprise. Le terme « alpinisme » apparaît en 1876, augurant d’une autre
approche photographique, celle qui traduit l’esprit de conquête et le
dépassement d’une vision mystique et spirituelle de la montagne.
Les principaux photographes de paysage du XIXe siècle ont su traduire avec
talent cette approche nouvelle de la montagne. L’ensemble culturel et
esthétique qu’ils ont proposé rend aussi compte de la transformation radicale
et parfois brutale du paysage suisse. Durant tout le XXe siècle, le regard des
photographes de montagne se développe de manière spectaculaire ; le numérique
permet de nouvelles approches qui ont renouvelé le genre de manière créative
et originale.
En grande partie issues des collections du musée de l’Elysée, deux cents
photographies permettent de comprendre les directions dans lesquelles s’est
développée la photographie de montagne (la science, le tourisme, l’alpinisme,
l’art) et les aspects formels utilisés par les photographes de 1840 à nos
jours (la frontalité, la verticalité, la contre-plongée par exemple).
La publication comprend un texte de Daniel Girardin sur la photographie de
montagne et un entretien avec le photographe Maurice Schobinger.