Conquérant des plus grands sommets, François Labande, historien des montagnes
et alpiniste, parcourt l’histoire de ses premières, ses hauts faits alpins, la
conquête des Écrins, réalisés par des hommes, guides ou amateurs, passionnés.
En 1828, Adrien Durand, simple géographe missionné par l’empereur pour
cartographier le massif, réalise la première du Pelvoux. Cette date marque
aussi le commencement de la « Saga des Écrins ».
Les premières s’enchaînent : une équipe anglaise composée de Horace Walker,
Adolphus Moore et Edward Whymper, guidée par deux pointures, Michel Croz et
Christian Almer, atteint en 1864 le sommet de la Barre des Écrins, qui domine
le massif. Puis, c’est la ruée vers la Meije : William Auguste Coolidge, guidé
par Christian Almer et flanqué de ses deux « compagnes » (sa tante adoptive et
une chienne membre d’honneur du Club alpin pour son impressionnant palmarès),
accède sans trop de difficultés au supposé point culminant… manque de chance,
tandis que, sous leurs pas, se dresse inutilement le Doigt de Dieu, de l’autre
côté d’une traversée d’arêtes peu avenantes, la Meije au-dessus d’eux, leur
fait un pied de nez. C’est à Pierre Gaspard que reviendra finalement la
première de la « Grande Difficile ». Quant à cette traversée qu’Almer n’avait
pu observer sans lâcher un spontané : « Unmöglich ! », elle sera à l’origine
d’une nouvelle pratique : l’alpinisme sans guide, particulièrement prisée par
la fratrie Zsigmondy.
À l’aube du XXe siècle, les grandes premières sont une espèce en voie
d’extinction, il faut innover. L’escalade moderne est en pleine expansion et
les intérêts se portent alors sur les directissimes, les itinéraires inventifs
et les voies en solitaire. Seul, sur une paroi encore vierge de la Dibona,
Pascal Junique pense à sa femme qu’il doit retrouver à la maternité pour une
première visite de contrôle. Il nommera sa première «Visite obligatoire».
Nombre d› ilustrations: 16; 285 pages